Passage
de la flamme olympique à Lausanne
(24 juin 2004)
Le titre arboré
fièrement au-dessus de l'entrée principale de la Gare
de Lausanne a toute une histoire. Restaurés
à Athènes en 1896 par le baron français Pierre
de Coubertin (1863-1937), les Jeux Olympiques eurent ensuite lieu respectivement
à Paris (1900), Saint-Louis (1904), Londres (1908) et Stockolm
(1912). La Grande Guerre (1914-18) empêcha leur organisation en
1916. Désireux de fixer le siège du Comité International
Olympique en pays neutre, le baron s'adressa à la Ville de Lausanne
et obtint en 1915 l'autorisation d'y installer son quartier général.
C'est sous les ombrages
du parc, un peu au-dessus du Musée Olympique, que Pierre de Coubertin
semble encore veiller sur les lieux... L'endroit lui plaît certainement
puisqu'il affectionnait le cadre, assez semblable, de la Villa Mon Repos
et rêvait, paraît-il, d'édifier dans la capitale
vaudoise une nouvelle Olympie... Même si, en
1894, il fit organiser des courses aux flambeaux lors du Congrès
international pour le Rétablissement des Jeux Olympiques, et
même s'il a dit : "Que la torche olympique suive son cours
à travers les âges pour le bien dune humanité
toujours plus ardente, courageuse et pure", l'idée d'allumer
une flamme à Olympie et de la faire transporter par des athlètes
sur le site des Jeux n'est probablement pas de lui...
De même qu'à
Olympie, un feu brûlait en permanence sur l'autel de la déesse
Hestia, la flamme olympique brille devant le Musée depuis son
inauguration en juin 1993... Il y a dans Fustel
de Coulanges un beau chapitre sur le feu sacré chez les Anciens.
On y lit notamment: Le feu du foyer est une sorte d'être moral.
Il est vrai qu'il brille, qu'il réchauffe, qu'il cuit l'aliment
sacré ; mais en même temps il a une pensée, une
conscience ; il conçoit des devoirs et veille à ce qu'ils
soient accomplis... (Cité Antique, Livre I, chapitre III). En faisant le tour
de la vasque, le visiteur muni d'une paire de jumelles lira une inscription
grecque faisant allusion au mythe de Prométhée: KLEFQEN
TO PUR EX HLIOU TROCOU TOIS ANQRWPOIS, ce qui signifie "le
Feu a été dérobé de la course du Soleil
dans l'intérêt des hommes". Le culte du feu,
en Grèce dans les temples de Hestia et à Rome dans ceux
de Vesta, est sans doute d'origine orientale (l'ensemble des écrits
attribués à Zoroastre ne s'appelle-t-il pas l'Avesta?...).
Sur les cérémonies romaines, nous avons quelques renseignements.
Chaque printemps, au mois de mars, les Vestales, exceptionnellement,
éteignaient la flamme de l'année écoulée
afin d'en rallumer une nouvelle, en faisant, dit-on, converger les rayons
du soleil au moyen d'un miroir. Vous voyez ci-contre
le miroir parabolique exposé au Musée Olympique, sans
doute assez semblable à ceux dont pouvaient se servir les Anciens....
Le rituel de l'allumage
de la flamme dans l'antique sanctuaire d'Olympie a été
institué en 1936 dans l'esprit néo-classique le plus pur... Ici, nous sommes
le 25 mars 2004. L'actrice grecque Thalia Prokopiou, dans son rôle
de grande prêtresse, vient d'invoquer la divinité devant
les ruines du temple de Zeus et Héra à Olympie: "Apollon,
dieu du Soleil et de l'idée de lumière, darde tes rayons
et allume la torche sacrée pour l'hospitalière cité
d'Athènes". Elle allume sa torche grâce aux rayons
convergents du miroir parabolique. On trouvera facilement
des photographies de cette mise en scène en lançant une
recherche sur le web avec, par exemple, les mots-clés "Thalia
olympic flame". L'image
ci-contre est tirée du... CHINAdaily, organe officiel de
la Chine en langue anglaise (comme quoi le retour aux sources communes
rapproche les peuples les plus éloignés!). En outre, le
Service pédagogique du centre d'études olympiques a élaboré
sur les Jeux antiques et modernes d'excellents dossiers PDF téléchargeables
sur le site www.olympic.org
Depuis le 25 mars,
la flamme a traversé 26 pays et 34 villes avant de regagner la
Grèce le 9 juillet. Vous trouverez tout sur ce périple
sur le site officiel http://www.athens2004.com. Mais la journée
qui nous concerna tout particulièrement fut celle du 24 juin.
Même si nous sommes un peuple peu démonstratif, nous ne
pouvions rester insensibles à un événement qui,
malgré son caractère international, touchait les Lausannois
de si près! Aussi les relayeurs de la torche furent-ils partout
chaleureusement accueillis... Ci-contre, nous
sommes Rue
de la Clochatte. Le lampadophore est Thierry Miller, avec, au premier
plan, Sandy Wittwer.
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Vous
voyez Sandy Wittwer, élève de l'Etablissement scolaire de
Cossonay, qui, route de Sauvabelin, reprend le flambeau des mains de José-Leonel
Pinto... Son double engagement de sportive et d'humaniste est tout à
fait dans l'esprit de Pierre de Coubertin, pour qui le sport est le meilleur
tremplin pour développer l'énergie mentale! Qu'elle soit
ici vivement remerciée d'avoir communiqué ses photographies
au "Dossier des latinistes"! Sans elle et ses semblables, cette
page web n'aurait pas sa raison d'être, car... à quoi servent
les traditions si personne n'est là pour en prendre le relais!