SOMMAIRE Points de repère chronologiques Histoire du christianisme primitif
Annexes utiles pour notre culture...
|
UNE HISTOIRE DU CHRISTIANISME PRIMITIF
(tiré de G.
Chaliand, S. Mousset, 2'000 ans de
Chrétientés – Guide historique, éd. Odile Jacob, 2000)
1. De Jésus au christianisme Dans
ses prédictions, Jésus se présente comme le continuateur de Moïse. Juif vivant
au Ier siècle en Palestine sous
le règne de Tibère, crucifié sur l'ordre de Ponce Pilate vers 30, il n'est pas
considéré par ses disciples comme rompant avec le judaïsme mais comme
accomplissant la promesse messianique de celui-ci. Le Dieu qui était celui
d'Abraham, d'Isaac, de Jacob et de Moïse est le même qu'évoque Jésus lorsqu'il
se réfère au royaume de son Père. Avec le temps, la question des rapports entre
judaïsme et christianisme devint moins importante et la signification
originelle du terme Christ fut perdue pour devenir un nom.
Nos sources concernant la vie de Jésus sont
limitées. Il s'agit principalement des
quatre Évangiles (dits « canoniques ») : Matthieu, Marc, Luc, Jean et les Actes des apôtres. Les historiens romains ne nous donnent que
très peu d'informations concernant Jésus proprement dit, sinon pour comprendre
la perception du phénomène chrétien au cours des premiers siècles. Outre
l'historien juif de langue grecque Flavius Josèphe en 93, trois auteurs font
référence à Jésus: Pline le Jeune en 112, Tacite en 116, en se référant à des
événements survenus en 64 lorsque Néron attribue aux Chrétiens l'incendie de
Rome, et Suétone en 120 qui mentionne un certain Chrestus ( cf. plus haut :
« Chronologie »).
Les Évangiles — Évangile signifiant « bonne nouvelle » — ne
peuvent être considérés comme des biographies de Jésus. Cependant, l'existence
de celui-ci, son procès, sa mort sont attestés. Le christianisme, d'ailleurs,
s'est moins intéressé, au cours de l'histoire, aux faits et gestes du Christ
qu'à l'interprétation de ceux-ci, de sa vie et de sa mort. Dès ses
débuts, l'Église considère que Jésus a gagné, par son sacrifice et sa
résurrection, une victoire sur le péché et sur la mort et que ce sacrifice est
capital pour le salut de l'humanité (Paul, Epître
aux Romains (=Rm), 3, 25).
Dans
une première phase, le lien entre le judaïsme et ce qui va devenir le christianisme
est vécu comme filiation. Le Judaïsme accorde une place essentielle à la Loi à
travers laquelle la volonté de Dieu s'est exprimée sous la forme de
Commandements (cf. plus bas), et aux prophètes qui firent connaître cette même
volonté en certaines circonstances. Jésus précise qu'il n'est pas venu pour
abolir la Loi ou renier les prophéties mais pour les réaliser (Matthieu 5, 17).
Par la suite, Paul insiste sur la continuité entre la foi d'Abraham et celle
des chrétiens (Rm 4,1-25). Tandis que dans son épître aux Hébreux il insiste
sur la continuité entre Moïse et Jésus.
Jésus serait né entre 7 et 4 avant notre ère et aurait été crucifié à la
veille de la Pâque juive (Pessah) au mois d'avril, probablement vers 30. Bien
que les Évangiles lui donnent Bethléem, près de Jérusalem, pour lieu de
naissance, il est originaire de Nazareth en Galilée. On ignore le jour de sa
naissance. C'est à partir du IVe siècle que le jour du 25 décembre est
arrêté pour l'Église d'Occident et celui du 6 janvier, le jour de l'Épiphanie,
pour les Églises d'Orient (dès le début du IIIe siècle). C'est à Nazareth que Marie eut la révélation qu'elle serait la mère du Sauveur (=
l’Annonciation). Après avoir été baptisé par Jean-Baptiste, Jésus se rend au nord-ouest du lac de Galilée et se
met à prêcher. Il réunit un groupe de douze
disciples
[6]
, prêche en Judée et guérit des malades. Cela dure trois ans. Mais il est
sévèrement rejeté par les pharisiens dont il critique les observances rituelles
ainsi que par les sadducéens, un autre mouvement juif qui avait, entre autres,
la charge du Temple.
Après
une entrée triomphale à Jérusalem où il chasse du Temple les marchands, il
dresse contre lui ses adversaires qui ourdissent sa perte par la trahison de
l'un de ses disciples, Judas.
Au cours
du dernier repas avec ses disciples, la
Cène, il annonce sa fin et prononce, à propos du pain et du vin qu'il
partage entre eux: « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », et leur demande
de répéter ce partage en mémoire de lui. Après avoir comparu devant la cour
suprême juive (Sanhédrin), présidée par le Grand Prêtre, il est déféré aux
autorités romaines. Le gouverneur de Judée, Pilate, le fait mettre à mort. (La
description des souffrances qu’il endura depuis la Cène jusqu’à sa résurrection
constituent ce qu’on appelle la Passion
du Christ).
L'occupation
romaine avait donné une force nouvelle à l'attente traditionnelle du Messie. Pour
beaucoup de Juifs, le Messie serait celui qui délivrerait Israël du joug romain
et restaurerait la lignée de David. On ne retrouve, dans les discours du
Christ, aucune attaque contre l'administration romaine ni aucun appel à la
violence
[7]
,
les critiques de Jésus sont essentiellement dirigées contre son propre peuple.
Il revalorise les exclus de la société de son temps, il affirme que son royaume
n'est pas de ce monde et il propose le pardon des offenses à ceux qui étaient
humiliés. L'incompréhension de la majorité de ses compatriotes n'est pas
étonnante.
Les
Évangiles relatent que trois jours après sa mort, le dimanche de Pessah
(Pâque), les disciples se trouvèrent devant un tombeau vide et que Jésus leur
apparut, à eux ainsi qu'à Marie Madeleine. La
certitude de la résurrection de Jésus est un des fondements de la foi
chrétienne, pour toutes les Églises.
2. Les débuts du christianismeLes Actes des apôtres ont été sans doute
composés par Luc, l'auteur d'un des Évangiles, en grec, comme tout le Nouveau
Testament (l'Ancien a été composé essentiellement en hébreu), entre 70 et 80,
et relate les débuts du christianisme. Les Actes
des apôtres sont centrés sur l'activité de Pierre à Jérusalem et en Judée,
d'une part, et, d'autre part, sur Paul et son activité missionnaire.
Les apôtres (apostoloi: « envoyés » en
grec) étaient douze (cf. note
4.), Mathias remplaçant Judas, et nous sont
inégalement connus. Une certaine prééminence revient à Pierre. Ce dernier, son
frère André tout comme Jean et son frère Jacques sont des pêcheurs du lac de
Tibériade.
Les premiers membres de l'Église ou de ce qui va devenir tel sont évidemment des Juifs.
Leur langue est l'araméen, langue sémitique répandue à l'époque au
Proche-Orient et qui était aussi la langue maternelle du Christ. Ils prient au
Temple et respectent les interdits alimentaires. Ils apparaissent comme une
nouvelle secte juive parmi d'autres: pharisiens, sadducéens, esséniens,
zélotes. On les appelle aussi parfois les « nazaréens », ceux qui suivent Jésus
de Nazareth. Ce qui les distingue, c'est le baptême au nom de Jésus et l'Eucharistie (le partage du pain).
Aux
juifs de culture araméenne se joignent bientôt dans la communauté chrétienne
des juifs de culture grecque; tandis que les douze apôtres sont préposés aux
juifs de culture araméenne, sept hommes sont désignés pour l'enseignement de
ceux de culture hellénique. Des tiraillements apparaissent entre les deux
groupes culturels. Le responsable des sept, Étienne, lance en plus un
réquisitoire contre le judaïsme, puisque Jésus a été méconnu et rejeté par les
Juifs de Jérusalem. Son discours lui vaut d'être lapidé par les Juifs comme
blasphémateur
[8]
. Les adeptes
de culture hellénique se réfugient en Samarie et à Antioche où ils mènent une
activité prosélyte.
La communauté chrétienne s'accroît rapidement et son extension hors de Jérusalem conduit les
apôtres à établir des responsables, des évêques (episcopoi: « ceux qui
supervisent »), qui reprendront la charge des apôtres après leur disparition.
Déjà, à Jérusalem, l'organisation des Chrétiens se faisait grâce à des anciens
(presbiteroi), c'est-à-dire des
prêtres, et des servants (diakonoi),
c'est-à-dire des diacres.
La figure majeure de l'Église naissante est
sans conteste Paul. Il nous est connu non
seulement à travers les Actes des apôtres mais surtout par ses Epîtres qui
donnent les bases de la christologie et de la théologie chrétiennes. Saul de Tarse
est un pharisien, citoyen romain, de langue grecque, lui-même persécuteur de
l'Église en Palestine. En route pour Damas pour y combattre les Chrétiens, il
fut jeté à terre par une force invisible et eut une vision de Jésus lui
reprochant ses persécutions
[9]
.
Il resta aveugle pendant quelques jours. Il reçut le baptême à Damas et
entreprit, sous le nom de Paul, de répandre la bonne nouvelle à la fois dans la
diaspora juive et auprès des non-juifs, les « Gentils » (du latin gentes : « les peuples »
dont ils sont issus). Son premier voyage missionnaire, vers 46-48, le mène, en
compagnie de Barnabé et de Marc, en Asie Mineure, à Chypre, à Iconium, Lystres
et à Derbe près de Galatia. Puis il s'en retourne à Antioche.
3. Rupture dans la continuité avec le
judaïsme Le
problème majeur qui se pose à l'Église naissante est de se constituer en entité
séparée du judaïsme — tout en conservant la filiation puisqu'il s'agit du
même Dieu créateur. Le christianisme qui se présente comme un message d'amour
se distingue du judaïsme, en proclamant Jésus « fils de Dieu » et en se voulant
universel par le prosélytisme. Paul prêche aux Juifs comme aux païens et
entreprend de nombreux voyages. Quelle attitude fallait-il adopter à l'égard
des « Gentils »? Fallait-il les contraindre aux obligations de la religion
juive, aux interdits alimentaires, à ce qu'on appelle la Loi mosaïque?
Fallait-il surtout les contraindre à la circoncision?
[10]
Qui devait être considéré comme chrétien — terme qui fut donné aux
adeptes de l'Église naissante perçue comme une secte nouvelle — comme ils
furent dénommés à Antioche? Celle-ci était une métropole de langue grecque et
était, après Rome et Alexandrie, la troisième ville de l'Empire romain. Une importante réunion, pour trancher
la question, fut tenue à Jérusalem en 49.
Rétrospectivement, on l'a appelée le premier
concile. Paul entraîne un Pierre hésitant et l'assemblée décide qu'il
n'était point nécessaire d'imposer aux païens la circoncision afin de devenir
chrétien, ni de partager les interdits alimentaires des Juifs. C'est la foi en
Jésus-Christ qui est essentielle. Par cette décision, l'Église nouvelle se
distingue du judaïsme, affirme son indépendance et devient universelle.
Le
deuxième voyage de Paul a lieu après le « concile » qui donne un statut égal
aux « Gentils » et aux Juifs dès qu'ils se réclament du christianisme et ont
reçu le baptême. Ce voyage le conduit d'abord en Galatie où il est rejoint par
Timothée qui devient l'un de ses proches compagnons, puis il prêche non loin de
la rive asiatique du Bosphore où le rejoint Luc. Tous trois se rendent en
Macédoine puis en Thessalonie. L'accueil à Athènes, centre intellectuel de
l'empire, est froid. Mais Paul prêche avec succès dix-huit mois à Corinthe. Au
cours d'un troisième voyage, il visite de nouveau les communautés d'Asie
Mineure et d'Europe. Ses Epîtres relatent ses difficultés.
Le
christianisme est toujours perçu dans l'Empire romain comme une secte juive. Jules César accorda aux Juifs le
droit de pratiquer librement leur foi. Ils sont exemptés de tout devoir entrant
en conflit avec leurs interdits religieux : activités durant le Sabbat,
interdictions alimentaires, etc. Bien que le christianisme rejette certaines
pratiques juives, il s'inscrit cependant — Paul le rappelle aux Juifs comme
aux païens — dans la foi en un Dieu unique, dans les Écritures, dans
l'attente d'un accomplissement. Mais le fossé s'est tout naturellement creusé
entre les deux traditions. L'afflux de
non-Juifs au sein du christianisme et l'hostilité des Juifs traditionnels à
leur égard amena les autorités romaines à considérer les fidèles du Christ
comme une nouvelle religion. L'Église chrétienne se veut universelle et
sans concurrence puisqu'elle définit l'orthodoxie. Jésus et le message chrétien
contenu dans le Nouveau Testament sont très tôt rejetés par les Juifs.
Ainsi en fut-il de Bouddha, issu au VIe siècle avant notre ère de la
tradition hindouiste et développant à partir d'une même conception fondée sur
la succession des renaissances une ascèse et une voie originale progressivement
rejetées hors de l'Inde, mais connaissant, elles aussi, une diffusion
universelle dans toute l'Asie orientale.
Paul est appréhendé à Jérusalem en 58, accusé d'avoir profané le Temple. Il
passe deux années en liberté surveillée (60-62). Puis il est exécuté à Rome,
comme Pierre sans doute, entre 64 et 67, lors de la persécution de Néron. En
tant que citoyen romain, Paul eut droit à la décapitation, alors que Pierre,
simple sujet de Rome, fut crucifié
[11]
.
C'est à Paul que l'on doit l'introduction du christianisme dans l'Empire
romain. L'implantation la plus dense se situe, à cette époque, entre l'Asie
Mineure et la Syrie et bien qu'il y ait, dès 60-64, une communauté chrétienne à
Rome, c'est en Orient que le christianisme connaît, jusqu'au VIIe siècle au moins, le maillage le plus serré. La destruction de Jérusalem en 70 par Titus qui écrase une révolte juive et détruit le Temple achève de détacher les
Chrétiens du judaïsme, celui-ci prenant la forme d'une diaspora.
4. Le christianisme dans l’Empire romain
jusqu'au IVe siècle
Les
Chrétiens se distinguent très vite par leur rigorisme. L'intégrisme des Chrétiens est jugé excessif dans cet
empire généralement tolérant à l’égard des religions des peuples vaincus, si
tant est que ceux-ci reconnaissent la suprématie des dieux romains et du culte
de l’empereur et de Rome sur leurs dieux nationaux (cf. Annexe II).
Le culte
de Mithra témoigne de cette tolérance. D'origine iranienne, promettant,
comme le christianisme, une vie après la mort grâce à l’intercession de Mithra,
ce culte était fort populaire dans l'armée romaine et chez les marchands
[12]
.
Etaient aussi très répandus et très populaires le culte égyptien d’Isis, ainsi que le culte de Cybèle-Attis, né en Phrygie (Asie Mineure).
Les Chrétiens sont les seuls à refuser de
rendre hommage aux dieux des Romains et à leur empereur.
[13]
Ils passent pour de mauvais citoyens, ils refusent les
magistratures, rechignent devant le métier des armes, se désintéressent du
salut de l'empire et le prouvent en ne participant pas au culte impérial. Leurs
réunions, plus ou moins clandestines et mixtes, leurs rites, provoquent ici et
là, par méconnaissance, une hostilité populaire qui favorise les persécutions. Résumons le
contenu de la chronologie (p. 1-2) : les persécutions commencent avec le
massacre des Chrétiens à Rome par Néron (64), un massacre qui marqua
durablement les esprits et fut suivi par ceux ordonnés par Domitien (95) et
Marc-Aurèle (180). Les persécutions les plus violentes, à partir de 250, ont
toujours les mêmes causes, sous Dèce en 250-251, sous Valérien en 257, et,
après un demi-siècle de répit, sous Dioclétien en 303-305. Des milliers de
martyrs périssent, d'autres, sommés d'abjurer, cèdent. Les Livres saints sont
brûlés, des églises rasées. Malgré cela, les Chrétiens, bien que vivant dans
une insécurité certaine, connaissent durant les trois premiers siècles des
périodes de paix. Les persécutions sont souvent locales. Elles se généralisent
au IIIe siècle à cause du nombre grandissant des Chrétiens.
Cette
politique de répression est destinée à refaire l'unité de l'Empire autour de la
religion officielle. C'est un échec.
Aussi, en 313, Constantin et Licinius
proclament, par l'édit de Milan, la
liberté de culte pour tous les citoyens de l'empire. Bientôt, soucieux de
cimenter l'empire où les adeptes du Christ sont de plus en plus nombreux, le
christianisme devient religion d'État, avec Théodose, en 380/394. On ne peut
surestimer l'importance, pour cette religion, du passage du rôle de secte
persécutée à celui d'Église reconnue. L'empire assimile l'Église, mais celle-ci
avait déjà, de son côté, passablement assimilé l'empire
[14]
.
L'empereur Constantin se fait baptiser peu avant de mourir (cf. note 4).
Le
tournant décrit ci-dessus est particulièrement sensible dans la littérature chrétienne.
Les
plus anciens documents de littérature chrétienne que nous connaissions sont les épîtres de l'apôtre Paul: épîtres
aux Thessaloniciens, rédigées en 51-52, aux Galates, aux Corinthiens, aux
Philippiens, à Philémon et aux Romains. Elles sont rédigées en grec. En effet, depuis la conquête de
la Grèce par les légions romaines (146 avant notre ère), le grec est devenu la
langue de communication et de culture de l'empire. C'est pourquoi, même en
Occident, la liturgie et la littérature chrétiennes ont utilisé le grec
jusqu'au début du IIIe siècle.
Les
premiers témoignages d'une littérature
chrétiennes en langue latine proviennent d'Afrique du Nord, surtout de
Carthage, celle-ci n'ayant pas été hellénisée: Tertullien à partir de 197, puis Cyprien et Lactance (en
attendant, vers 400, les œuvres d’Augustin :
voir la Chronologie !).
Quelque
vingt ans après les premières épîtres de Paul, aux environs de 70, les Évangiles sont recueillis et
diffusés, c'est-à-dire entre 40 à 70 ans après la mort de Jésus. Le premier est
celui de Marc vers 70, suivi vers
80-90 de ceux de Luc et de Matthieu puis, vers 100, par l'évangile
de Jean. Les trois premiers
Evangiles retracent la vie et l'enseignement de Jésus de manière synoptique,
de sa naissance à sa résurrection. Luc écrit également les Actes des apôtres qui entendent retracer l'histoire du
christianisme naissant. L'Apocalypse (= révélation), attribuée à l’apôtre
Jean à la fin du Ier siècle, rappelle
que la fin du monde est proche selon un genre déjà cultivé par le Judaïsme: le Livre de Daniel.
C'est
au milieu du IIe siècle que se
dégage un premier consensus à partir de la tradition: l'Église s'efforce de
définir avec autorité quels livres contiennent la foi authentique et peuvent
par conséquent être vénérés comme Écritures saintes. Selon le canon retenu, le Nouveau Testament comprend vingt-sept
écrits :
-
les quatre Evangiles cités ci-dessus,
-
les Actes des Apôtres,
-
quatorze Epîtres, la plupart de Paul,
-
sept autres Epîtres attribuées à d’autres apôtres (une de
Jacques, deux de Pierre, trois de Jean, une de Jude)
-
l’Apocalypse, que
Jean écrivit à Pathmos.
L'Église
appelle « apocryphes » (en grec : cachés) tous les livres qui se réclament d'une autorité apostolique, mais qui
n'appartiennent pas au canon.
La fixation du canon du « Nouveau Testament » devait
nécessairement s'accompagner de celui de l’«Ancien Testament », soit des écrits
bibliques juifs. Le canon chrétien ne retenait pas comme texte authentique le
texte hébreu, mais sa traduction grecque dite « des Septante », établie à
Alexandrie et datant du IIIe siècle avant Jésus-Christ. Aussi le
canon chrétien comprend-il une série de livres que le canon hébreu, fixé plus
tard, n'admet pas: les deux livres des Maccabées, Judith, Tobie, .Baruch, le livre
de sagesse de Salomon, Siracide (ou Ecclésiastique), la lettre de Jérémie,
ajouts grecs aux livres de Daniel et d'Esther. Le protestantisme les rejettera
à nouveau comme «apocryphes » tandis que le concile de Trente (1546) confirmera
qu'ils font partie intégrante de l'Écriture sainte de l'Église catholique.
Le Pasteur d'Hermas, est le texte
non canonique le plus apprécié par les Chrétiens des premiers siècles. Écrit
par un esclave affranchi entre 130 et 140, ce texte a pour thème principal une
doctrine de la pénitence qui proclame la possibilité d'une rémission unique
après le baptême, ce qui était la conception de l'Église primitive. C'est à
partir du Ve siècle que les missionnaires irlandais et écossais
encouragèrent, en Europe occidentale, le développement de pénitences multiples
après confession des péchés.
La
littérature dite des Pères apostoliques est limitée: les lettres de
Barnabé, de Clément de Rome, d'Ignace d'Antioche, de Polycarpe de Smyrne et le Pasteur d'Hermas. Plus tard y seront ajoutés des fragments de Papias d'Hiérapolis,
la lettre à Diognète et la Didachè. Il ne s'agit pas là d'un groupe d'écrits
homogène. Certains trouvent place parmi les apocryphes bibliques. La Didachè,
originaire du Proche-Orient, est un document exceptionnel pour notre
connaissance de l'organisation liturgique et communautaire au début du IIe siècle.
Les apologies sont une des formes les plus répandues de la littérature
chrétienne au IIe siècle. Attaqués,
les Chrétiens veulent éclairer les autorités et défendre leur communauté. Parmi les
apologies écrites en grec, citons
celle de Justin, qui mourut martyr à Rome en 165 (rédigée vers 153-155), celle
de Tatien le Syrien (rédigée vers 155-170), l'apologie de Méliton de Sardes,
adressée à Marc-Aurèle (vers 177) et, écrits en latin, l'Apologétique de Tertullien de Carthage (vers 197) et l’Octavius de Minucius Felix.
Les apologies réfutent les accusations
portées contre les Chrétiens. Elles exaltent l'éthique du christianisme, elles
cherchent aussi à rassurer l'État en proclamant la loyauté des adeptes du
Christ à l'égard de l'empire. La chose n'est pas aisée. En effet, certains
courants, marqués par l'Apocalypse de
Jean, voient dans l'État romain la figure honnie de Babylone, État idolâtre qui
persécute les Chrétiens. Par ailleurs, il est vrai que les Chrétiens paraissent
plus préoccupés du retour imminent du Christ que des affaires de l'État ou de
ses institutions
[15]
.
Si
l'Église s'est imposée, c'est qu'elle a de nombreux
adeptes. D'abord en Orient: Asie Mineure, Syrie, Palestine (l'Arménie est
le premier État qui adopte le christianisme vers 300), en Afrique du Nord, en
Europe: Grèce, Italie centrale, Espagne du Sud.
L'Église primitive fut organisée sur le
modèle de la synagogue qui était dirigée
par une assemblée d'anciens. Dans ses Epîtres,
Paul dénomme ces anciens des presbytes. Dans un second temps, la
hiérarchie de chaque Église locale comprend un évêque, responsable des
Chrétiens de sa communauté, et élu par eux, assisté de prêtres et de diacres.
Les évêques ne pouvaient être consacrés avant que leur prédécesseur ne soit
décédé (ce qui est encore aujourd'hui le cas pour les cardinaux et le pape).
Dans l'Église chrétienne, le dimanche (dominicam diem = jour du Seigneur)), premier jour de la
semaine, remplaça le Sabbat (le septième jour) qui était, aux premiers siècles,
un jour de grâce. C'est l'empereur Constantin qui, par décret, institue en 321
le dimanche comme jour de repos. Cependant la prière, les psaumes (donc le
chant sacré), la lecture des Écritures et le sermon chrétien trouvent leur
origine dans les pratiques des synagogues.
Le baptême et surtout la consécration du pain et du vin sont des éléments
purement chrétiens.
ANNEXES UTILES POUR NOTRE CULTURE
|
Au fait, combien de commandements ? ... Tout dépend de la manière de compter pour arriver à dix... |
II.- DES CHRÉTIENS “PERSÉCUTÉS” ? – MISE AU POINT – LE TÉMOIGNAGE DE PLINE LE JEUNE
Dans la
Chronologie et le chapitre 3 (jusqu’à la note 15), il
a été abondamment parlé des "persécutions » des Chrétiens par les
Romains païens. Or, l’emploi de ce terme appelle une mise au point.
Il n’y
a pas de doute que les Chrétiens - maltraités et massacrés à cause,
pensaient-ils certainement, de leur foi - ont pu parler de persécutions
religieuses infligées par des empereurs païens et sadiques (et puisque les
Chrétiens prévalurent, c’est ce terme qui resta dans les annales).
Mais
qu’en était-il en face ? Si nous tenons compte de la conception du pouvoir
et de la religion propre aux Romains polythéistes, nous devons en conclure que leurs empereurs ne se
sont guère attachés à « persécuter » les Chrétiens pour leur foi.
Ils les poursuivaient durement parce que les croyances et mœurs chrétiennes
constituaient effectivement un danger pour l'unité politique de l'Empire.
Cette
unité politique avait comme ciment idéologique une authentique religion d’État : le culte des
empereurs divinisés et de Rome, une religion comparable, à certains égards,
au shintoïsme
[16]
. Fondée sur
le culte des ancêtres et la perpétuation des valeurs typiquement romaines
[17]
,
cette religion voulait, selon l’étymologie même de ce mot, établir un lien religieux et patriotique entre les
sujets de l’empire en reliant chacun à la divinité, par la vénération de
Rome et des grands empereurs défunts et divinisés, comme Auguste.
Quoi de
plus naturel, dès lors, qu’un empereur veillant au salut de l’Empire s’attachât
à punir durement de véritables hors-la-loi qui - faisant fi des attestations
d’allégeance proclamées dans leurs « apologies » - se mettaient au
ban de la société par le rejet du culte impérial, qui agissaient dans tous les
cas de manière répréhensible, comme cela a été décrit au chapitre 3 ?
Le
moment est venu de présenter l’échange de lettres
entre Pline le Jeune et Trajan mentionné dans la Chronologie. En effet
ces lettres montrent bien la manière dont des Romains ignorant tout du
Christianisme pouvaient percevoir cette nouvelle religion et leurs adeptes.
Ultime précision : pour établir son rapport, Pline a utilisé sans doute les
procès-verbaux des interrogatoires auxquels il a lui-même procédé en son
tribunal :
Pline à l’empereur Trajan,
1 Maître, c’est une habitude pour moi de
te rapporter tous les cas sur lesquels j’ai des doutes. Qui peut en effet mieux
me diriger dans mes hésitations ou instruire mon ignorance ?
Je n’ai jamais participé à des enquêtes
judiciaires contre les chrétiens : voilà pourquoi je ne sais pas ce qu’on
punit ou poursuit d’habitude chez eux, ni l’étendue des peines. 2 Et je me suis demandé non sans grande
perplexité s’il y a un traitement juridique différent à observer selon les
âges, ou si le châtiment des enfants ne diffère en rien, malgré leur tendre
jeunesse, de celui des adultes ; je me suis demandé encore si l’on accorde
le pardon à qui se repent, ou si quelqu’un qui a adhéré entièrement au
christianisme ne gagne rien à y renoncer ; si l’on punit la seule
dénomination de chrétien, même en l’absence de crimes, ou si ce sont les crimes
qu’implique ce nom qu’on punit.
En attendant voici la procédure que j’ai
suivie contre ceux qui m’étaient déférés comme étant des chrétiens : 3 je leur ai demandé s’ils étaient
chrétiens ; ceux qui avouaient, je les ai interrogés une deuxième, puis
une troisième fois, en les menaçant du dernier supplice. Ceux qui
persévéraient, j’ai ordonné qu’on les exécute. Je ne doutais pas en effet que,
quel que fût l’objet de leurs aveux, il fallait assurément punir leur
entêtement et leur obstination inflexibles. 4 Il y en eut d’autres, possédés de la même folie, que j’ai
inscrits pour être envoyés à Rome, parce qu’ils étaient citoyens romains.
Bientôt, les dénonciations se multipliant comme d’habitude par le fait même
qu’on s’occupait de l’affaire, plusieurs cas différents se sont présentés. 5 On a affiché une liste anonyme
contenant le nom de beaucoup de gens. Ceux qui affirmaient qu’ils n’étaient
pas, ni n’avaient été chrétiens, j’ai pensé qu’il fallait les relâcher, non
sans qu’ils eussent auparavant invoqué les dieux sous ma dictée et sacrifié par
l’encens et le vin devant ton image
[18]
que j’avais ordonné d’apporter pour cela
avec les statues des divinités, non sans qu’ils eussent en outre blasphémé le
Christ : des actes qu’on dit impossibles à imposer à ceux qui sont vraiment
chrétiens. 6 D’autres, cités par un
dénonciateur, avouèrent qu’ils étaient chrétiens, puis se rétractèrent :
il l’avaient été, certes, mais ils avaient cessé de l’être, certains depuis
trois ans, d’autres plus tôt encore et quelques-uns même depuis vingt ans.
Ceux-là aussi ont adoré ton image, les statues des dieux et ont blasphémé le
Christ.
7 Les accusés
affirmaient d’autre part que la limite extrème de leur faute ou de leur erreur
s’était bornée à ceci : ils avaient eu l’habitude de se réunir à jour fixe
avant le lever du jour, l’habitude de chanter entre eux alternativement une
hymne au Christ comme à un dieu et de s’engager par serment non à se laisser
aller à quelque crime, mais à ne commettre ni vol, ni brigandage, ni adultère,
à ne pas manquer à la parole donnée, à ne pas nier qu’ils avaient reçu en garde
une somme d’argent quand on la leur réclamait. Ces rites une fois accomplis,
ils avaient coutume de partir, puis de se réunir à nouveau pour prendre une
nourriture qui, contrairement aux ragots, était ordinaire et hors de tout
soupçon. Et cela même, ils avaient cessé de le faire après l’édit par lequel,
selon tes ordres, j’avais interdit les réunions des confréries. 8 J’ai donc cru qu’il était d’autant
plus nécessaire de vérifier, même par la torture, ce qu’il y avait de vrai
(dans ces dires) auprès de deux esclaves, qu’on appelait des diaconesses. Je
n’ai rien trouvé d’autre qu’une superstition dévoyée et arrogante.
9 Aussi, après
avoir suspendu mon enquête, je me suis hâté de te consulter. Car c’est là une
affaire qui mérite qu’on prenne ton avis, surtout à cause du nombre des
personnes compromises. En effet c’est une foule de gens de tout âge, de toute
condition sociale, de l’un et l’autre sexe qui est et sera attirée dans ce
piège. De plus la contagion de cette méprisable superstition n’a pas envahi
seulement les cités, mais aussi les villages et les campagnes. Or il semble
qu’on pourra la contenir et y remédier. 10 Il est assurément bien établi que les temples qu’on avait quasiment déjà
abandonnés commencent à être fréquentés, que les cérémonies sacrées et
rituelles, longtemps interrompues, sont célébrées à nouveau et que le fourrage
pour les victimes des sacrifices (ou : la viande des victimes) se vend
partout, ce fourrage dont jusqu’à présent on ne trouvait que de très rares
acheteurs. Tout cela fait aisément penser quelle foule d’hommes peut être
amenée à résipiscence, si on laisse la place au repentir.
Trajan à Pline
1 Mon cher Secundus
[19]
, tu as bien respecté la procédure que tu
devais en examinant les causes de ceux qui ont été déférés auprès de toi en
tant que Chrétiens. Et le fait est qu’on ne peut définir une procédure de
portée générale qui dispose en quelque sorte d’un cadre rigide. On ne doit pas
les poursuivre d’office ; si on les dénonce et qu’on les convainc d’une
faute, il faut les punir, de telle sorte cependant que celui qui prétend ne pas
être chrétien - et le prouve par l’acte, c’est-à-dire en sacrifiant à nos
dieux, - obtienne le pardon suite à son repentir, quels que soient les soupçons
quant à son passé. 2 D’autre part
les listes anonymes qu’on a affichées ne doivent jouer aucun rôle dans aucune
accusation. Elles proposent en effet un exemple délétère et ne sont pas dignes
de notre époque.
Pline le Jeune, Lettres, X, 96-97 (trad. : Perlini)
A
remarquer chez Pline :
- fin & 2 : un
problème juridique difficile à résoudre, car on avait … égaré l’Edit de
Néron : faut-il punir les Chrétiens simplement parce qu’ils sont
Chrétiens (quia Christiani sunt) ou
parce qu’ils sont soupçonnés de commettre des crimes affreux (cannibalisme, car
ils mangent le corps du Christ et boivent … ; inceste, car …) ?
- & 3 : punir leur entêtement et obstination
inflexibles + & 8 : superstition
dévoyée et arrogante : expressions qui confirment ce qui vient d’être
dit sur les vraies motivation des empereurs « persécuteurs ».
- &3 + 5 : Les procédures appliquées pour vérifier si
l’accusé respecte ou non le culte de Rome et de l’empereur. Ce sont ces
procédures qui feront jurisprudence. Il
est remarquable de constater qu’après la Révocation de l’Edit de Nantes (1685),
des procédures analogues furent appliquées, en France, aux protestants qui,
vivant dans la clandestinité, étaient victimes d’une dénonciation.
- & 7 : L’évocation
maladroite, mais étonnamment juste, des cérémonies organisées par les premiers
chrétiens + de quelques commandements du Décalogue. (essayez de les
identifier !)
& 9-10 : témoignage
gênant pour un païen de l’ampleur qu’avaient prise les conversions au
Christianisme quelque 80 ans après la mort du Christ (cf. p. 5, fin du chapitre
2). Il faut aussi savoir qu’à l’Est de
la Bithynie, l’Arménie fut le premier Etat à ériger le Christianisme en
religion d’Etat (en 400 env.).
A
remarquer chez Trajan :
- & 2 : La haute idée
qu’il se fait de la moralité publique, typique de ce IIe siècle après
J.-C., qui marque l’apogée de la civilisation romaine.
Pour que les fidèles méditent
régulièrement sur les moments marquants de la vie du Christ, les Chrétiens les
ont répartis de façon à ce qu’ils rythment le cycle de chaque année civile. Vu
l’importance de ces fêtes, peintres poètes, musiciens et romanciers s’en sont
abondamment inspirés pendant deux millénaires pour leurs créations.
ANNONCIATION Ci-dessus : L'Annonciation, par |
L’ange Gabriel annonce à Marie, encore vierge, qu’elle concevra, par le Saint Esprit, un enfant qu’on appellera Fils de Dieu. Célèbres sont les tableaux sur ce sujet du Beato Angelico (XVe s.) et de Léonard de Vinci (XVIe s.)
|
25 mars
|
Ci-contre : La Visitation par Ghirlandaio, 1449-1494
|
31 mai
|
|
NATIVITÉ
|
(cf. plus haut)
|
25 décembre
|
Ci-contre :
|
15 août
|
|
Ci-contre : L'Immaculée Conception par Tiepolo (1696-1670)
|
8 décembre
|
Ce terme désigne l’ensemble des prières qui devaient
être dites ou chantées obligatoirement dans la messe en latin fixée par le
Concile de Trente (1563), et qui fut un peu mise à l’écart après le Concile
Vatican II. Or ce sont ces pièces que tant de musiciens ont mis si bien en
musique, Haendel (gloria), Mozart, Verdi, Rossini.
Mais, à l’origine c’est en chant grégorien qu’on les
chanta. Pour en savoir plus, consultez par exemple les articles correspondants des encyclopédies en ligne wikipédia:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chant_grégorien
ou Larousse: http://www.larousse.fr/encyclopedie/musdico/messe/169107
Les cantiques proposés ci-dessous en format mp3 ont été diffusés sur le Net par des catholiques coréens.
KYRIE (grec)
(Cliquer ici pour écouter le Kyrie)
Kyrie eleison (
bis )
|
Seigneur,
prends pitié (bis)
|
Christe eleison ( bis )
|
Christ,
prends pitié (bis)
|
Kyrie eleison. (
bis )
|
Seigneur,
prends pitié (bis)
|
GLORIA
(Cliquer ici pour écouter le Gloria)
Gloria in excelsis Deo;
Et in terra pax hominibus bonae voluntatis.
|
Gloire à Dieu au plus haut des Cieux Et paix sur
la terre aux hommes de bonne volonté.
|
|
|
Laudamus te; Benedicimus te;
|
Nous te
louons; nous te bénissons;
|
Adoramus te; Glorificamus te;
|
nous
t'adorons; nous te glorifions;
|
Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam;
|
nous te
rendons grâces pour ta grande gloire,
|
|
|
Domine Deus, Rex caelestis, Deus Pater omnipotens,
|
Seigneur
Dieu, Roi du Ciel, Dieu Père tout puissant,
|
Domine Fili unigenite, Jesu Christe,
|
Seigneur
Fils unique, Jésus Christ,
|
Domine Deus, Agnus Dei, Filius Patris ;
|
Seigneur
Dieu, Agneau de Dieu, Fils du Père;
|
|
|
Qui tollis peccata mundi, miserere nobis;
|
Toi qui
enlèves les péchés du monde, aie pitié de nous;
|
Qui tollis peccata mundi, suscipe deprecationem
nostram;
|
Toi qui
enlèves les péchés du monde, accueille notre prière;
|
Qui sedes ad dexteram Patris, miserere nobis;
|
Toi qui es
assis à la droite du Père, aie pitié de nous;
|
|
|
Quoniam Tu solus Sanctus,
|
Car toi seul
es Saint,
|
Tu solus Dominus ;
|
Toi seul es
Seigneur,
|
Tu solus Altissimus, Jesu Christe,
|
Toi seul es
le Très Haut, Jésus Christ,
|
Cum Sancto Spiritu, in gloria Dei Patris. Amen.
|
Avec le
Saint Esprit, dans la gloire de Dieu le Père. Amen.
|
CREDO
[20]
Credo
in unum Deum,
|
Je crois en
un seul Dieu,
|
|
|
Patrem
omnipotentem, factorem caeli et terrae, visibilium omnium et invisibilium ;
|
le Père tout
puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et
invisibles.
|
|
|
Et
in unum Dominum Jesum Christum, Filium Dei unigenitum,
|
Je crois en
un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils unique de Dieu,
|
Et
ex Patre natum ante omnia saecula ;
|
Né du Père
avant tous les siècles ;
|
|
|
Deum
de Deo, Lumen de Lumine, Deum verum de Deo vero ;
|
Il est Dieu
né de Dieu, Lumière née de la Lumière, Dieu vrai, né du vrai Dieu ;
|
|
|
Genitum,
non factum, consubstantialem Patri, per quem omnia facta sunt ;
|
Engendré,
non pas créé, de même nature que le Père, et par lui tout a été fait.
|
|
|
Qui,
propter nos homines et propter nostram salutem, descendit de caelis ;
|
Pour nous
les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ;
|
|
|
Et
incarnatus est, de Spiritu Sancto, ex Maria virgine, et homo factus est ;
|
Par l’Esprit
Saint, il a pris chair de (il s’est incarné dans) la Vierge Marie, et s’est
fait homme.
|
|
|
Crucifixus
etiam pro nobis sub Pontio Pilato, passus et sepultus est ;
|
Crucifié
pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.
|
|
|
Et
resurrexit tertia die, secundum Scripturas ;
|
Il
ressuscita le troisième jour, conformément aux Ecritures,
|
Et
ascendit in caelum; sedet ad dexteram Patris;
|
Et il monta
au ciel ; il est assis à la droite du Père.
|
|
|
Et
iterum venturus est cum gloria judicare vivos et mortuos ;
|
Il reviendra
dans la gloire pour juger les vivants et les morts ;
|
Cujus
regni non erit finis ;
|
Et son règne
n’aura pas de fin.
|
|
|
Et
in Spiritum Sanctum, Dominum et vivificantem, qui ex Patre Filioque procedit
;
|
Je crois en
l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du
Père et du Fils.
|
|
|
Qui,
cum Patre et Filio, simul adoratur et conglorificatur ;
|
Avec le Père
et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ;
|
Qui
locutus est per prophetas ;
|
Il a parlé
par les prophètes.
|
|
|
Et
in unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam.
|
Je crois en
l’Eglise, une sainte, catholique et apostolique.
|
|
|
Confiteor
unum baptisma in remissionem peccatorum ;
|
Je reconnais
un seul baptême pour le pardon des péchés.
|
|
|
Et
exspecto resurrectionem mortuorum ;
|
J’attends la
résurrection des morts,
|
|
|
Et
vitam venturi saeculi. Amen.
|
Et la vie du
monde à venir. Amen.
|
PATER NOSTER
Pater
noster, qui es in caelis :
|
Notre Père
qui es aux cieux :
|
|
|
sanctificetur
nomen tuum ;
|
Que ton nom
soit sanctifié,
|
|
|
adveniat
regnum tuum ;
|
Que ton
règne arrive,
|
|
|
fiat
voluntas tua, sicut in caelo, et in terra.
|
Que ta
volonté soit faite, sur la terre comme au ciel.
|
|
|
Panem
nostrum quotidianum da nobis hodie ;
|
Donne-nous
aujourd’hui notre pain de ce jour ;
|
|
|
et
dimitte nobis debita nostra,
|
Pardonne-nous
nos offenses,
|
|
|
sicut
et nos dimittimus debitoribus nostris ;
|
Comme nous
pardonnons à ceux qui nous ont offensés ;
|
|
|
et
ne nos inducas in tentationem ;
|
Et ne nous
soumets pas à la tentation ;
|
|
|
sed
libera nos a malo. Amen.
|
Mais
délivre-nous du mal. Amen.
|
SANCTUS
(Cliquer ici pour écouter le Sanctus)
Sanctus,
sanctus, sanctus,
Dominus
Deus Sabaoth !
|
Saint,
saint, saint,
Le Seigneur
Dieu de Sabaoth (des forces célestes).
|
|
|
Pleni
sunt caeli et terra gloria tua ;
|
Le ciel et
la terre sont remplis de ta gloire.
|
|
|
Hosanna
in excelsis !
|
Hosanna au
plus haut des cieux !
|
|
|
Benedictus
qui venit in nomine Domini ;
|
Béni soit
celui qui vient au nom du Seigneur,
|
|
|
Hosanna
in excelsis !
|
Hosanna au
plus haut des cieux !
|
AGNUS DEI
(Cliquer ici pour écouter l'Agnus Dei)
Agnus
Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis ( bis)
|
Agneau de Dieu, qui
enlèves les péchés du monde, aie pitié de nous ( bis)
|
|
|
Agnus
Dei, qui tollis peccata mundi, dona nobis pacem.
|
Agneau de Dieu, qui
enlèves les péchés du monde, donne-nous la paix.
|
REQUIEM (seulement dans les Messes pour les morts: remplace le Gloria)
Requiem aeternam dona eis, Domine,
|
Le repos
éternel donne-leur, Seigneur,
|
|
|
et lux perpetua luceat eis.
|
Et que la
lumière éternelle brille pour eux.
|
|
|
Requiescant in pace. Amen
|
Qu’ils reposent
en paix. Amen.
|
Le Requiem de Mozart (extraits)
Requiem
Requiem aeternam dona eis, Domine,
|
Seigneur,
donne-leur le repos éternel
|
et lux perpetua luceat eis.
|
Et que la
lumière éternelle brille pour eux.
|
Te decet hymnus, Deus, in Sion,
|
Dieu, un
hymne t’honore à Sion,
|
et tibi reddetur votum in Jerusalem.
|
Et des vœux
te seront rendus à Jérusalem.
|
Exaudi orationem meam,
|
Ecoute ma
prière,
|
ad te omnis caro veniet.
|
C’est à toi
que viendra toute chair.
|
Requiem aeternam dona eis, Domine,
|
Le repos éternel
donne-leur, Seigneur,
|
et lux perpetua luceat eis.
|
Et que la
lumière éternelle brille pour eux.
|
Kyrie (cf. plus haut)
Sequentia: le Dies Irae
(Cliquer ici pour écouter un fragment du Dies Irae de Verdi)
Dies irae, dies illa
|
Jour de colère, ce jour-là
|
solvet saeclum in favilla,
|
réduira le monde en une étincelle,
|
teste David cum Sibylla.
|
comme prophétisé par David accompagné de la Sibylle.
|
|
|
Quantus tremor est futurus
|
Quelle terreur va advenir
|
quando judex est venturus,
|
quand viendra le juge
|
cuncta stricte discussurus.
|
décidé à tout peser rigoureusement.
|
|
|
Tuba mirum spargens sonum
|
la trompette résonnant étonnamment
|
per sepulchra regionum
|
à travers les tombes de partout
|
coget
omnes ante thronum
|
réunira tout le monde devant le trône.
|
|
|
Mors stupebit et natura
|
La mort s’étonnera, ainsi que la nature
|
cum resurget creatura
|
quand ressuscitera la créature
|
judicanti
responsura.
|
Sur le point de répondre à son juge.
|
|
|
Liber scriptus proferetur
|
Un livre sera présenté dans lequel
|
in quo totum continetur,
|
sera consigné par écrit tout
|
unde
mundus judicetur.
|
ce dont le monde devra
répondre.
|
|
|
Judex ergo cum sedebit
|
Donc quand le juge siègera
|
quidquid latet apparebit,
|
tout secret apparaîtra,
|
nil
inultum remanebit.
|
rien ne restera impuni.
|
|
|
Quid sum miser tunc dicturus,
|
Que vais-je alors dire, pauvre de moi,
|
quem patronum rogaturus,
|
à quel avocat vais-je faire appel,
|
cum
vix justus sit securus ?
|
puisque à peine les justes seront à l’abri ?
|
|
|
Rex tremendae majestatis,
|
Roi dont la majesté est redoutable,
|
qui salvando salvas gratis,
|
toi qui, en sauvant, sauves gratuitement,
|
salva
me, fons pietatis.
|
sauve-moi, source de pitié (piété)
|
|
|
Recordare, Jesu pie,
|
Souviens-toi, Jésus miséricordieux,
|
quod sum causa tuae viae
|
que je suis la cause de ton voyage,
|
ne
me perdas illa die.
|
Ne me perds pas ce jour là.
|
|
|
Quaerens me sedisti lassus,
|
En me cherchant, tu t’es assis, fatigué,
|
redemisti crucem passus,
|
Tu m’as racheté, en subissant la crucifixion,
|
tantus
labor non sit cassus.
|
Que tant de souffrance ne soit pas vaine !
|
|
|
Juste
Judex ultionis,
|
Juste juge de la punition,
|
donum fac remissionis
|
fais-moi don du pardon
|
ante
diem rationis.
|
avant le jour du bilan (litt. : des comptes à rendre)
|
|
|
Ingemisco
tamquam reus :
|
Je gémis comme un coupable :
|
culpa
rubet vultus meus :
|
mon visage rougit à cause de mes fautes :
|
supplicanti
parce, Deus.
|
épargne, ô Dieu. celui qui te supplie.
|
|
|
Qui
Mariam absolvisti
|
Toi qui as absous Marie (Madeleine)
|
et
latronem exaudisti
|
et exaucé le larron,
|
mihi
quoque spem dedisti.
|
à moi aussi tu as donné l’espérance.
|
|
|
Preces
meae non sunt dignae,
|
Mes pières ne sont pas dignes,
|
sed
tu bonus fac benigne,
|
mais Toi, dans ta bonté, fais en sorte avec bienveillance
|
ne
perenni cremer igne.
|
que je ne brûle pas dans le feu éternel.
|
|
|
Inter
oves locum praesta,
|
Accorde-moi une place parmi les brebis,
|
et
ab haedis me sequestra,
|
et sépare-moi des boucs,
|
statuens
in parte dextra.
|
en me plaçant à ta droite.
|
|
|
Confutatis
maledictis,
|
Après avoir confondu les maudits,
|
flammis
acribus addictis,
|
jétés en sus dans dans de cruelles flammes,
|
voca
me cum benedictis.
|
appelle moi au nombre des bénis (bienheureux)
|
|
|
Oro
supplex et acclinis,
|
Je te prie, suppliant et prosterné,
|
cor
contritum quasi cinis,
|
le cœur broyé comme de la cendre,
|
gere
curam mei finis.
|
prends soin de ma fin.
|
|
|
Lacrimosa
dies illa
|
Jour de larmes, ce jour-là
|
qua
resurget ex favilla
|
où ressuscitera de ses cendres
|
judicandus
homo reus.
|
l’homme coupable et à juger.
|
Huic
ergo parce, Deus :
|
Cet homme, épargne-le donc, ô Dieu :
|
Pie
Jesu Domine,
|
Seigneur Jésus miséricordieux,
|
dona
eis requiem ! Amen.
|
donne-leur le repos (éternel) ! Amen.
|
[1] .- A part 7 avant J.-C., toutes les autres dates doivent être comprises, bien entendu, … après J.-C. !
[2] .- Les Chrétiens, de leur côté, appellent ces gens des « relaps ».
[3] .- L’hérésie (= opinion particulière, en grec) est une dissidence doctrinale : des croyants sont mis / se mettent au ban de la communauté initiale à cause de la façon différente dont ils interprètent un ou des éléments fondamentaux de la foi.
Un schisme (= séparation, en grec) est une dissidence disciplinaire : des communautés se séparent, car, en dernière analyse, elles ne reconnaissent pas l’autorité du ou des chefs de l’autre.
[4] .- La question de la conversion de Constantin pendant sa vie est très controversée. Il est vrai que (comme saint Augustin plus tard) Constantin, dont le père était aussi païen, subit la forte influence de sa mère Monique, chrétienne si fervente qu’elle s’employa à retrouver la Vraie Croix du Christ sur le Golgotha (entreprise qui lui valut d’être sanctifiée par l’Eglise d’alors). Quant à Constantin, la tradition rapporte plutôt qu’il resta longtemps catéchumène et qu’il ne se fit baptiser que quelque temps avant sa mort.
[5] .- Le terme même de « païen » signale en quelque sorte le mépris dont sont victimes, dans le peuple, les tenants de l’ancien polythéisme. Venant du latin paganus (l’habitant d’un pagus : village), le terme « païen » stigmatise l’habitant des campagnes, le paysan peu évolué et attaché aux vieilles superstitions, à la différence du citadin, qui, lui, aurait accueilli avec ferveur le message de la nouvelle religion.
[6] .- Il s’agit d’ André, Simon Pierre ; Jacques et Jean, fils de Zébédée ; Philippe, Nathanael, Matthieu, Thomas ; Jacques et Judas (Jude), fils d’Alphée ; Simon le Zélote, Judas (remplacé ensuite par Matthias).
[7] .- Célèbre est son précepte : Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu (Matthieu, 22, 15-21).
[8] .- Dès lors il compta comme le premier martyr chrétien (fêté encore aujourd’hui chaque 26 décembre).
[9] .- Cette scène a inspiré, à travers les siècles, beaucoup de peintres cèlébres, par exemple le Caravage (XVIe s.)
[10] .- Ces questions créèrent des dissensions, parfois violentes, entre les apôtres. Jean se trouva à la tête des « conservateurs » opposés à l’universalisme de Paul. Lisez La colère de l’Agneau (Albin Michel, Paris, 1985) où Guy Hocquenghem reconstitue magnifiquement les péripéties qui déchirèrent la première communauté chrétienne après la mort du Christ.
[11] .- La tradition rapporte que, par humilité devant le Christ, Pierre voulut être crucifié la tête en bas. Les peintre (et de nouveau le Caravage) ont souvent représenté cette scène.
[12] .- Cependant le petit volume des édifices consacrés à ce culte (mithraea) – découverts, par exemple, à Martigny ou à Orbe - fait penser que le nombre des initiés était plutôt restreint. Contrairement au christianisme, le culte de Mithra semble s’être adressé à une élite (et c’est pour cela que les Chrétiens le combattirent, car ils visaient aussi ces élites !)
[13] .- En fait, les Juifs sont aussi dans ce cas, notamment à cause des premiers commandements de leur Décalogue (cf. plus bas les Annexes I + II), mais ils jouissent des libertés accordées par J. César et décrites ci-dessus.
[14]
.- La christianisation de l’empire ne se passa cependant pas sans violences (cf. chronologie+ note 5). Mais ces violences durent être contenues : selon certains
spécialistes, la christianisation semble avoir appliqué tacitement des mots d’ordre qui, dans toute
civilisation, sont censés présider à tout changement de religion dominante.
Pour les chrétiens, ces mots d’ordre furent :
1.- Anéantissez
le paganisme.
2.- Baptisez ce que vous ne pouvez pas détruire.
3.- Baptisez ce que vous ne devez pas détruire.
4.- Gardez les valeurs païennes si vous
voulez pouvoir christianiser.
[15] .- (cf. Annexe II)
[16] .- shintoïsme : religion officielle du Japon jusqu’en 1945. (Ré)organisée au XVIIe siècle par le shogun (empereur) Yeyaso Tokugawa pour contrer l’influence du confucianisme, du bouddhisme et du christianisme, elle consiste en un polythéisme animiste se traduisant souvent par l’exaltation de l’empereur et de la race japonaise.
[17] .- virtus : courage, maîtrise de soi, dignité ; fides : loyauté, respect de la parole donnée ; pietas : respect envers les dieux, la patrie, les parents.
[18] .- En Orient, comme en Egypte, les hommes ont toujours adoré leurs rois comme des dieux. Les empereurs romains en profitent pour se faire vénérer déjà de leur vivant, chose inconcevable dans la partie occidentale de l’empire !
[19] .- Le nom complet de Pline était : L(ucius) Plinius Caecilius Secundus
[20] .- Cf. Chronologie, à la date 325 apr. J.-C.
A voir également sur ce site :
miles/milites christi* - soldat(s) du christ
de la non-violence du christianisme primitif à la guerre sainte des croises
par M. Marco Perlini, professeur au Gymnase du Bugnon
février 2008 – janvier 2010